dimanche 25 mai 2008

L'Asile

(...)
Une voix la tira de sa rêverie. La surprise lui fit échapper la gouttelette de sang sur le tissu blanc qui recouvrait ses jambes.
- Quelle désolation de vous voir ainsi, douce Léa, fit la mystérieuse voix.
Léa se retourna vers l’inconnu, qui se tenait tapi dans l’ombre. Il semblait fort impressionnant. Ses yeux brillaient d’une lueur inquiétante, mais elle n’y prêta pas attention.
- N’avez-vous pas peur de moi ? demanda-t-il, étonné mais nullement déçu.
- Le devrais-je ?
- Sans doute, murmura-t-il en fronçant ses sourcils, rendant son regard encore plus étrange.

Il fit une pose tout en observant la femme assise sur le lit. Léa avait l’impression que l’inconnu scrutait son âme de fond en comble. Soudain, son visage se radoucit et ses lèvres s’étirèrent en un sourire.
- Mais vous n’avez pas peur, continua-t-il. Pour la très simple et bonne raison que la mort ne vous effraie pas. Vous l’attendez, la demandez. Vous avez même tenté de la provoquer, expliqua-t-il comme s’il lisait dans ses pensées.
- Vous avez raison, lui accorda-t-elle. Cependant, la mort me tourne obstinément le dos.
- C’est que votre heure n’était pas venue, tendre Léa, argumenta-t-il en s’approchant doucement.
- Alors c’est que vous me connaissez mieux que moi même, lâcha-t-elle amèrement.

Cela fit sourire l’inconnu, qui était maintenant assis en face de Léa. Il était merveilleusement beau. Ses longs cheveux noirs étaient soigneusement attachés sur sa nuque. Ses yeux verts étincelaient sous une lumière invisible. Il portait des vêtements de grande marque, que son père se plaisait aussi à porter.
- Qui êtes-vous, ou plutôt, qu’êtes-vous donc ? demanda Léa que l’inconnu impressionnait.
- Mon nom est Francis, mais ce n’est pas d’une grande importance. Ce qui est intéressant, c’est ce que je peux faire pour vous.

Francis tendit sa main vers le visage de la jeune femme. Il caressa le rebondi de sa joue, sans toutefois toucher sa peau. Un sourire apparu de nouveau sur ses lèvres.
- Ma douce Léa…Tant de beauté pour une âme si malheureuse. Je ferais tout pour voir un jour apparaître l’ombre d’un sourire sur vos jolies lèvres.
- Il vaudrait mieux ne pas trop espérer…Il n’y a qu’une seule chose qui me rendrait heureuse…
- Dites toujours, mon amie. Rien ne m’est impossible. Je vous décrocherais la lune si vous me le demandiez.
- Mais, pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi vouloir me rendre heureuse ? Il existe tant de gens malheureux…
- Oui, accorda-t-il en cueillant du bout du doigt une larme qui glissait lentement sur le visage de Léa. Mais ces gens n’ont pas votre innocence, votre naïveté, votre grandeur d’âme. Ils n’ont pas non plus votre beauté, si fraîche et délicate pour un monde si infernal et cruelle. Vous êtes simplement…parfaite.
- Parfaite pour quoi ?
- Ne brusquez pas les choses, Léa. Dites moi votre rêve le plus cher, et je le réaliserai pour vous.

Léa réfléchie un moment, fixant la goûte de sang qui tachait l’édredon. Il la regardait, intensément, cherchant sans doute à percer ses pensées. Elle n’avait pas besoin de lever les yeux pour le savoir, elle le sentait. Tout comme sa présence, si mystérieuse et sombre, qui lui donnait la chair de poule.

La jeune femme releva tout de même les yeux, plongeant ses yeux bleus dans les yeux de l’inconnu. Elle devait avouer qu’elle était fort tentée par son offre. Qui plus est, elle n’avait rien à perdre.
- Je rêve (...)


Par: Marie-Line Châtelain

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